Avant que de partir je me lègue à moi-même/Pour faire de ce site un asile hanté./Heureux qui comme moi, pressent dans ce qu'il aime/ La forme et la couleur de son éternité. Germaine Beaumont

La Cerise sur le Prunier






J’ai beaucoup observé
Du creux de mon enfance, avec curiosité
Et la tête penchée.

Même en bande j’étais solitaire, la cerise sur le prunier
Le coquelicot dans les blés, j’étais sans cesse à la traîne
En arrière, à côté.

Je n’étais pas comme eux,
J’avais dix siècles de silence au fond des yeux.

Je riais, je jouais, j’avais l’air d’un papillon
Que même l’air ne touche pas
Mais je portais déjà la gravité des jours
Posée en travers de l'âme
Comme un bât.


2009

Cantal







Auvergnats!
J'ai laissé hier dans votre vert pays
la part la plus brillante de mon être
je vous ai laissé mon fils chéri.
J'ai laissé derrière moi la moitié de mon coeur
et aujourd'hui je ne bats plus qu'à demi.
Dans vos terres soulevées de volcans
j'ai niché mon fils, mon petit,
si jeune encore dans ses vingt ans.
Pour la première fois ma famille,
le soleil autour duquel je tourne
-et qui me garde en vie-
est écartelée, ses membres dispersés.
Il y a des centaines de kilomètres
et tant de longues heures, entre mes bras et Lui.
Auvergnats, votre pays est beau
j'espère vos âmes jolies,
généreuses et accueillantes à mon petit.
Car à cette heure c'est chez vous qu'il s'éveille
et sourit...


2011

Cantal







Paysages de paix posés dans l'immobilité du Temps.
Vert Cantal
aux hameaux gris doux lovés dans leurs écrins sylvestres.
Forêts, forêts,
hachées de pâturages calmes où paissent les bêtes.
Maisonnettes de contes, coiffées de lauzes en cornettes
aux petits yeux de petites fenêtres.
Pays froid, pays doux, pays d'eau et de lait
pays étincelant et modeste,
hérissé de croix et de Vierges,
tu as perché ta foi au plus près de ton Dieu,
et hissé tes églises tout au bout des cheminées
qui témoignent de l'ardeur de ta terre.
Tes vallées intimes sinuent entre tes volcans assagis
succession de paisibles beautés où le sourire s'étire
et le regard se perd.
Cantal, vert Cantal
enchantement pur sous un ciel grand ouvert.
Profusion des parfums nobles d'une nature claire,
senteur vive des sapins, sensuelle des sous-bois,
et celle rude aux nez citadins, des vaches et des chèvres.
Cantal, vert Cantal, je t'adopte
transforme en amour mon chagrin
et par mon fils, je te fais mien.


2011

Muse à louer







Cherche Muse.
Cherche un prince, un gueux, un ciel
Un bretteur de moulins, une étoile
Même petite
Mais qui luise fort dans ma nuit bleu marine.
Cherche un monsieur loyal
Un paladin quêtant la rose dans mon jardin
Un noble coeur
Accroché au firmament, un matin
Encore dans ses voiles.
Cherche un roc fidèle sous mes seuls pieds
Solitaire mais pas de pierre
Cherche doux et bon, solide mais fragile
Pensées à suivre, matière pour me nourrir
Espaces à rêver.

Cherche Muse nouvelle, pour poésie à inventer.



2009

S'en fout







S'en fout les miaulements
les guilis-guilis
les souris, le rose bonbon
s'en fout de toutes ces conneries
ces menteries
qui creusent le ventre
et l'esprit.
S'en fout de tout
veut plus souffrir, envoie au diable
les faux amours
les faux amis
l'est pas un jouet
dont on jouit
mordra les doigts et les non-dits
en veut plus de tout ce fourbis
ces petits tours et puis s'en vont
des marionnettes et des flons-flons
du manège qui donne le tournis
veut du solide, du concret
du sincère, du vrai
sinon s'en fout
s'en fout, s'en fout, s'en fout!
Sent tout, prend tout
dans la gueule,
s'en fout pas quand ça uppercute sec
les dents qui volent
et le coeur qui pète
ramasse vite sa pauv'tête
et puis se répète
comme un mantra
un pansement raplapla
qu'elle s'en fout
que c'est la seule voie
alors s'en fout
souffre mille morts mais s'en fout
s'en fout, s'en fout, s'en fout...
Et si c'est pas vrai
tant pis, s'en foutra aussi.

L'Aveu tranquille


J'aurai passé ma vie à plier mes chimères
En angles origamis pour capter la lumière
Remisant l'essentiel dans de grands tiroirs gris,
A doucement rêver des songes interdits.

L'échine ployée en deux, de tellement de détresse
Alors que la passion vibrait aux courbes coronaires,
Brûlant tout le bois tendre de mon peu de sagesse,
Pulsant à l'embraser, le ciel des jugulaires.

J'aurai passé ma vie, de fuites en défaites
L'âme un peu hésitante, complètement fracturée
D'éclairs fuligineux et d'oeil de tempêtes
Et puis d'élans d'amour à tout incendier.

Je me serai nourrie de fantasmes honnêtes
Rageusement volés aux arbres du péché
Et ton corps et mon corps ne seront à la fête
Car seules nos illusions, ont appris à s'aimer.

J'aurai passé ma vie sauvagement sincère
A gueuler mon amour à trop de gens pressés
Qui voulaient rester sourds car n'en sachant que faire,
Jetant mes mots de miel aux ronces des fossés.

Car mon drame secret, c'est d'être juste passante
Juste au coin du miroir, le reflet du reflet,
Quand je meurs de n'être accueillie en infante
A la cène des tendres, aveugles patentés...

J'aurai passé ma vie à traverser les vôtres
En m'excusant tout le temps, d'avoir dérangé.
Quand j'osais espérer après m'être éloignée,
Entendre simplement votre cœur soupirer,
Dans un aveu tranquille: «Comme tu m'as manqué ».


2006

Solo






Il y a un oiseau qui chante.
Tout seul
Dans la pièce et dans sa cage.
Tout seul
Avec son chant sans écho.

Et plus il chante, plus monte la joie de la trille
Plus son chant devient mélodieux.
L'oiseau est au monde
et son chant le lui rappelle.

Je suis l'oiseau.
Toute seule
Dans la pièce et dans ma cage
J'écris

et ma joie est immense.