Avant que de partir je me lègue à moi-même/Pour faire de ce site un asile hanté./Heureux qui comme moi, pressent dans ce qu'il aime/ La forme et la couleur de son éternité. Germaine Beaumont

L'Aveu tranquille


J'aurai passé ma vie à plier mes chimères
En angles origamis pour capter la lumière
Remisant l'essentiel dans de grands tiroirs gris,
A doucement rêver des songes interdits.

L'échine ployée en deux, de tellement de détresse
Alors que la passion vibrait aux courbes coronaires,
Brûlant tout le bois tendre de mon peu de sagesse,
Pulsant à l'embraser, le ciel des jugulaires.

J'aurai passé ma vie, de fuites en défaites
L'âme un peu hésitante, complètement fracturée
D'éclairs fuligineux et d'oeil de tempêtes
Et puis d'élans d'amour à tout incendier.

Je me serai nourrie de fantasmes honnêtes
Rageusement volés aux arbres du péché
Et ton corps et mon corps ne seront à la fête
Car seules nos illusions, ont appris à s'aimer.

J'aurai passé ma vie sauvagement sincère
A gueuler mon amour à trop de gens pressés
Qui voulaient rester sourds car n'en sachant que faire,
Jetant mes mots de miel aux ronces des fossés.

Car mon drame secret, c'est d'être juste passante
Juste au coin du miroir, le reflet du reflet,
Quand je meurs de n'être accueillie en infante
A la cène des tendres, aveugles patentés...

J'aurai passé ma vie à traverser les vôtres
En m'excusant tout le temps, d'avoir dérangé.
Quand j'osais espérer après m'être éloignée,
Entendre simplement votre cœur soupirer,
Dans un aveu tranquille: «Comme tu m'as manqué ».


2006