Avant que de partir je me lègue à moi-même/Pour faire de ce site un asile hanté./Heureux qui comme moi, pressent dans ce qu'il aime/ La forme et la couleur de son éternité. Germaine Beaumont
Floraison
Hâte-toi mon coeur,
hâte-toi de vivre!
Car il est bientôt l'heure.
Ma carcasse épuisée ne tiendra plus longtemps
le siège du sang et des humeurs.
Hâte-toi mon coeur,
hâte-toi de t'ouvrir!
De fendre ta coque défensive
sous la poussée de l'amande d'un ultime printemps.
Laisse ton fruit mûrir, s'offrir, souffrir
tout en restant la fleur
que tu es au-dedans.
Hâte-toi mon coeur,
mon brave petit coeur.
De te donner sans plus de contrepartie
que la gran'joie d'aimer.
Hâte-toi mon coeur,
dépêche-toi, ne retiens pas, ne compte plus,
d'ailleurs, tu n'as jamais su!
Hâte-toi petite bête
et cesse d'avoir peur.
Ouvre les portes et les fenêtres,
renverse tous les murs qui te gardent et te guettent,
et qu'importe qu'ils te pillent,
tu auras eu au moins quelque utilité :
celle de nourrir un temps, les oiseaux passagers.
Ne te noie plus d'amertume, tarit cette clepsydre,
n'espère plus rien de l'autre aussi seul que toi,
aussi aveugle que toi.
N'attends plus que le vent
et sa douce caresse : il est ton seul amant.
2008